La France est résolument engagée dans la transition vers la mobilité électrique, avec des objectifs ambitieux de déploiement des véhicules électriques. Pour accompagner cette dynamique, il est essentiel de développer un réseau d'infrastructures de recharge suffisamment dense et efficace. C'est tout l'enjeu du règlement européen AFIR (Alternative Fuels Infrastructure Regulation), entré en vigueur en 2022.
Découvrez ce que ce texte va changer concrètement pour les réseaux de bornes et stations de recharge en France, et ce que cela implique pour les utilisateurs de voitures électriques.
Le règlement AFIR en bref
Le règlement AFIR (Alternative Fuels Infrastructure Regulation) est un texte européen qui vise à harmoniser et à accélérer le déploiement des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques et à hydrogène dans l'Union européenne.
Entré en vigueur en 2022, il fixe des objectifs contraignants pour les États membres en termes de nombre et de répartition des bornes et stations de recharge, aussi bien sur le réseau routier transeuropéen que dans les zones urbaines et périurbaines.
Le règlement AFIR impose également des standards techniques communs pour garantir l'interopérabilité des infrastructures, ainsi que des exigences en matière d'information des utilisateurs et de services de paiement.
L'objectif est de lever les freins au développement de la mobilité électrique et de rassurer les usagers quant à la disponibilité et la fiabilité des points de recharge.
Les changements pour les réseaux de bornes et stations
Le règlement AFIR impose aux États membres des obligations de déploiement des infrastructures de recharge le long du réseau routier transeuropéen (RTE-T*).
Selon Averes-France, d'ici à 2025, des points de recharge électrique devront être installés tous les 60 km au maximum, et des points de ravitaillement en hydrogène tous les 150 km. Ces exigences seront renforcées à l'horizon 2030, avec des points de recharge tous les 30 km et des stations hydrogène tous les 100 km.
En France, cela se traduira par l'installation de milliers de nouvelles bornes et stations sur les autoroutes et les principales routes nationales. Le règlement fixe également des objectifs en termes de répartition entre la recharge normale (jusqu'à 22 kW), rapide (22-150 kW) et ultra-rapide (plus de 150 kW), afin de répondre aux besoins de tous les types de véhicules électriques.
Enfin, le texte prévoit le déploiement de stations de ravitaillement en hydrogène dans les principaux nœuds urbains et le long des corridors du RTE-T, pour accompagner le développement des véhicules à pile à combustible.
*Le RTE-T (Réseau Transeuropéen de Transport) est un programme de l'Union européenne visant à développer un réseau de transport multimodal (routier, ferroviaire, fluvial, maritime et aérien) reliant les principales villes et régions d'Europe.
De nouvelles obligations d'affichage des prix pour les opérateurs
Le règlement AFIR introduit également de nouvelles obligations d'affichage des prix pour les opérateurs de points de recharge (CPO) et les fournisseurs de services de mobilité électrique (eMSP), afin de renforcer la transparence et la comparabilité des offres pour les utilisateurs.
Pour les points de recharge d'une puissance supérieure ou égale à 50 kW, les CPO devront afficher directement sur la borne le prix au kWh ainsi que les éventuels frais d'occupation facturés à la minute. Ces informations devront être visibles avant le démarrage de la session de recharge, permettant ainsi aux utilisateurs de comparer facilement les tarifs.
Concernant les points de recharge de moins de 50 kW, les CPO auront l'obligation de mettre à disposition les informations tarifaires de façon claire et accessible, avant le début de la charge. Les différents éléments de prix devront être présentés dans l'ordre suivant : prix au kWh, prix à la minute, prix à la session, autres frais applicables. Ces informations pourront être fournies par voie électronique, via un QR code ou un lien URL renvoyant vers un site web dédié, à condition que ce dispositif soit facilement accessible sur la borne.
Quant aux eMSP, ils seront tenus de communiquer aux utilisateurs, avant le lancement de la session de charge, l'ensemble des informations tarifaires spécifiques à cette session, en distinguant clairement les différents éléments de prix (coûts d'itinérance, autres frais ou redevances). Aucun frais supplémentaire ne pourra être appliqué pour l'itinérance transfrontalière.
Ce que ça change pour les utilisateurs
Le déploiement massif des infrastructures de recharge prévu par le règlement AFIR va considérablement améliorer l'expérience des utilisateurs de véhicules électriques en France.
Avec un maillage plus dense de bornes et stations sur tout le territoire, il sera beaucoup plus facile de trouver un point de recharge compatible avec son véhicule, que ce soit sur les longs trajets ou en milieu urbain. Les exigences en termes d'interopérabilité et de maintenance des infrastructures garantiront également une meilleure fiabilité et disponibilité des points de recharge.
Autre avancée majeure pour les usagers : la flexibilité des moyens de paiement.
A partir du 13 avril 2024, les bornes dotées d'une puissance inférieure ou égale à 50kW disposent d'au moins l'un des trois solutions de paiement.Le règlement AFIR impose des systèmes de paiement ouverts et non propriétaires, acceptant a minima les cartes bancaires, les paiements sans contact ou via QR code.
Fini donc la multiplication des abonnements et des badges spécifiques à chaque opérateur ! Enfin, le déploiement d'un réseau dense de bornes de recharge rapide et ultra-rapide permettra de réduire significativement le temps de charge, et donc d'envisager plus sereinement les longs trajets en voiture électrique. De quoi lever les derniers freins psychologiques à l'adoption de ce mode de transport durable.
Règlement AFIR : Ce qu'il faut retenir
Le règlement AFIR marque une étape décisive dans le développement des infrastructures de recharge pour véhicules électriques en France et en Europe. En fixant des objectifs ambitieux et contraignants de déploiement des bornes et stations, il va permettre de rattraper le retard accumulé et de répondre à la demande croissante des usagers. Avec des points de recharge plus nombreux, plus rapides et plus fiables, c'est toute l'expérience de la mobilité électrique qui va être transformée.
Les utilisateurs pourront enfin envisager sereinement les longs trajets et les déplacements du quotidien sans craindre la panne sèche. Le règlement AFIR ouvre ainsi la voie à une adoption massive des véhicules électriques, et donc à une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre liées aux transports. Mais il ne s'agit là que d'une première étape : pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il faudra poursuivre les efforts en termes d'innovation technologique, de soutien financier et d'accompagnement des usagers. Le chemin est encore long, mais le cap est désormais fixé vers une mobilité plus durable et respectueuse de l'environnement.
Principales mesures du règlement AFIR :
- Déploiement de points de recharge électrique tous les 60 km sur le RTE-T d'ici 2025, puis tous les 30 km d'ici 2030
- Installation de stations de ravitaillement en hydrogène tous les 150 km sur le RTE-T d'ici 2025, puis tous les 100 km d'ici 2030
- Répartition équilibrée entre recharge normale, rapide et ultra-rapide
- Déploiement de stations hydrogène dans les nœuds urbains et le long des corridors du RTE-T
- Standards techniques communs pour garantir l'interopérabilité des infrastructures
- Exigences en matière d'information des utilisateurs et flexibilité des services de paiement